Karim Fradin… who else ? (1)

31 Mars 2010 , Rédigé par Karl Duquesnoy Publié dans #Interviews

Depuis le 1er juillet 2009 Karim Fradin est le manager général du club des Chamois. Une fois de plus, l’ancien capitaine des bleus et blancs apparait comme l’homme providentiel, the right man in the right place. Interview-portrait en deux parties :

Le manager général

Le footballeur émérite

1 - Le manager général

Le retour aux valeurs des Chamois

Suite à la funeste descente en CFA les Chamois ont décidé de repenser le projet club. L'équipe dirigeante composée d'Alain Perlade et de Joel Coué a fait appel à Karim Fradin, ancien joueur niortais fraichement sorti des études, et lui ont créé un poste sur-mesure !

Qui était en poste avant toi ?

Le poste n’existait pas. Il a été créé à mon arrivée. Avant il y avait un directeur général. A priori c’était différent…

En quoi consiste le rôle de manager général ?

Il est très vaste. Je m’occupe de beaucoup de choses : la formation, le recrutement, le commercial, la communication, les relations avec les institutions… La partie technique est réservée à Franck Azzopardi et Pascal Gastien.

Quel était l’urgence pour le club ?

Il s’agissait d'abord de stopper l’hémorragie de joueurs occasionnée par la descente en CFA et la perte du statut pro. Il fallait mettre rapidement en place un projet cohérent pour tenter de relever rapidement le challenge de la remontée et du maintien en National.

Tu as fait une formation dans le domaine après ta carrière de footballeurs ?

J’ai arrêté le foot il y a trois ans. J’ai passé un diplôme de marketing et management sportif à l’université de Rouen et je conclut actuellement un master en stratégie marketing et management du sport à l’Essec.

Aujourd’hui un club de foot se gère un peu comme une entreprise. Il me fallait des « armes » pour assumer tout ça.

Etait-ce un avantage de bien connaître le club des Chamois ?

Oui bien sûr. Sur le plan des relations humaines cela a facilité beaucoup les choses. J’ai été formé ici, j’ai évolué longtemps en tant que professionnel à Niort, je connais bien la ville et la mentalité des gens, c’est un plus.

Pour la partie recrutement de mon job c’est avantageux, je sais quel profil, quel état d’esprit est adapté aux Chamois.

Justement, c'est quoi la mentalité des Chamois ?

Ici on vit dans une ambiance familiale. Des liens forts s’établissent entre et avec les joueurs.

D’ailleurs lors de mon retour aux Chamois en 2005, j'avais pu constater que le club avait perdu une partie de son âme. Les joueurs présents avaient des profils très différents de ceux que j'avais connus sept ans auparavant.

A mon sens, même si le club avait une solide expérience de L2 il devait rester modeste dans son fonctionnement et surtout ne pas se tromper dans le recrutement. Avant mon départ 75% de l’effectif était composé de joueurs formés au club. Là tout avait changé, même les dirigeants.

Pour ces raisons les deux descentes en National (ndlr : 2005 et 2009) ne m’ont pas surpris, finalement.

La chute en CFA m'a quand même étonné en revanche... Mais voilà, le club avait totalement perdu son âme.

Aujourd’hui la formation est en marche. L’équipe est composée à 80% de joueurs formés ici. On est passé de 20% à 80% en un an ! A l'intersaison pour épauler les jeunes on a fait revenir des joueurs partis mais formés au club : Carl Tourenne et Pascal Landais.

Nous restons humbles, on ne cherche surtout pas de mercenaires. Les joueurs sont ici pour se lancer, pour progresser.

Un club en renouveau

Quelle est la priorité aujourd'hui ?

Après la crise il s'agit de remettre tout le monde en confiance aussi bien au niveau administratif que sportif. C'est déjà en partie gagné. Tout le monde reprend du plaisir avec les Chamois, la preuve le public est là. En moyenne nous avons la meilleure affluence des groupes de CFA et la 5e de National !

Les victoires, le jeu agréable issu de la philosophie du duo Azzopardi-Gastien, la course pour la montée, tout cela est positif.

Es-tu confiant pour cette fin de saison sur le plan sportif ?

Oui bien sûr. Mais nous nous savons attendu à chaque rencontre. Nous sommes dans le lot des équipes favorites pour l'accession. Pour les autres équipes ce n'est pas anodin de jouer les Chamois.

Le club a-t-il déjà eu le temps d'évoluer selon toi ?

Oui beaucoup de choses se mettent en place, sur les plans de la communication et du social. Par exemple nous organiserons prochainement un tournoi inter-quartier, ou alors pour la venue du PSG, plus de 700 gamins de tout le département ont été invités.

(ndlr : et depuis notre rencontre les Chamois ont signé un contart de partenariat avec le FC Lorient !)

Autre exemple nous testons un module sportif football dans deux écoles niortaises : Emile Zola et Agrippa d'Aubigné. Comme je suis détenteur d'un brevet d'Etat 1er degré je vais m'en occuper personnellement.

Est-ce vraiment le rôle d'un club pro ?

Le club des Chamois est un vecteur majeur du sport dans la région. Il est aussi là pour diffuser des valeurs positives qui lui sont liées comme la santé, le fair play...

Le projet humain va au-delà des résultats sportifs. Nous sommes fiers du fait que malgré la chute, notre Centre de formation tourne encore avec 55 gamins !

L'image des Chamois n'a pas trop souffert alors ?

Grâce en grande partie à Pascal Landais (ndlr : le gardien n°2 qui joue également le rôle de commercial aux Chamois) nous avons battu cette année, alors que nous sommes en CFA, le record du nombre de partenaires. C'est un sacré paradoxe ! Non je crois simplement que le club avait fait preuve de beaucoup d'immobilisme jusque là.

Et au niveau budget, ce doit être un peu serré non ?

La double descente a changé la donne. Les Chamois sont passés d'un budget de 8,5 millions à 2,6 millions d'euros. L'équilibre financier est fragile. Si nous montons en National cette année nous serons plus sereins, mais nous ne serons pas plus riches pour autant !